La filière d’épuration des eaux par lagunage constitue réellement une alternative intéressante à l’installation d’une station d’épuration agréée
Plus cher à l’installation (+/- 7000 euros htva sans le système d’épandage contre 4000 euros htva sans épandage pour une station d’épuration), ce système s’avère en fait moins cher à long terme car aucun contrat d’entretien n’est nécessaire pour assurer la pérennité du système. Par contre, en cas d’auto-construction (et oui …c’est possible !), le prix de ce système est nettement inférieur.
Le chantier présenté ici a été mis en œuvre pour un projet d’une maison d’habitation bio-climatique dont vous pouvez également suivre le chantier complet en cliquant ici.
Le schéma proposé a été mis en œuvre par la société « Villa Natura » de Theux, sur base d’une étude et d’un cahier des charges établis par l’asbl « écologie au quotidien », et plus particulièrement par Christian Heyden, un des rares spécialistes (pour ne pas dire le seul) de l’épuration par lagunage en Wallonie.
Ici, le choix s’est porté sur la filière avec filtre à sable qui nécessite obligatoirement une mise en œuvre sur terrain en pente.
La surface de la lagune est déterminée en fonction du nombre d’équivalent habitant (EH) composant la maison. Pour la filière avec filtre à sable, on demande 2m²/EH.
L’installation d’un lagunage sur terrain plat est bien entendu possible mais avec d’autres filières, par exemple, celle à « filtre à gravier » (roselière), nécessitant 6 m²/EH, ou celle à « filtre à gravier » (roselière) suivie d’un marais reconstitué nécessitant alors 6+4m²/EH.
Un petit dessin valant mieux qu’un long discours, voici le schéma de l’installation mise en œuvre :
L’élément de pré-traitement est, dans ce cas ci, constitué d’une « simple » fosse septique « toutes-eaux », dite « classique », qui recueille l’ensemble des eaux usées (eaux fécales et eaux ménagères).
Il est impératif que les eaux de pluie (toitures) et les autres eaux claires ne soient pas acheminées vers la fosse septique ni vers le bassin de lagunage afin de ne pas perturber les processus épuratoires (variations de débit très importantes et dilution de la pollution). Les eaux de pluie doivent être dirigées, par exemple, dans une citerne à eau de pluie, dont le trop-plein sera évacué vers la mare. Ceci permettra également de garantir le maintien d’un niveau d’eau le plus stable possible en période estivale.
Notez que cette précaution est également à prendre en cas d’installation d’une station d’épuration.
Seule une modification du déflecteur d’origine (le dispositif qui retient la matière flottante dans la fosse pour empêcher qu’elle ne colmate le lagunage) est à envisager. Ici il a été remplacé par un té en PVC.
Le volume utile de cette fosse a été dimensionné à 4000 litres (soit, 4m3).
Afin d’éviter la propagation d’odeurs nauséabondes dans l’environnement proche de la fosse septique, il est utile de prévoir une ventilation de la fosse septique en évacuant les gaz de fermentation à un endroit où leur dispersion ne provoquera pas de nuisances olfactives.
Il est inutile de placer un dégraisseur dont le volume est souvent beaucoup trop petit (500 litres) et dont l’entretien très fréquent (tous les six mois) est relativement pénible (manipulation et évacuation des graisses piégées).
L’unité d’épuration est constituée d’une lagune (filtre à sable planté de roseaux) d’une superficie utile de 10m2.
L’écoulement de l’eau est vertical et la lagune est complètement remplie de sable et de graviers sur toute sa hauteur (112cm).
Ici, l’enveloppe étanche de la lagune est constituée par deux demi-cuves en béton préfabriquée (en l’occurrence, les parties inférieures de 2 citernes à eau de pluie de 5000 litres des entreprises Eloy à Sprimont).
Afin d’assurer le drainage et l’aération de la lagune, préalablement au remplissage du substrat, il faut déposer sur le fond de la cuve 3 tuyaux en PVC renforcé pourvus de fentes d’une largeur de +/-5 mm dans leur partie supérieure (réalisation des fentes à la disqueuse). Ces 3 tuyaux de drainage sont prolongés (vers le haut) de manière à dépasser légèrement la surface de la lagune.
La répartition de l’eau à la surface de la lagune est assurée au moyen de 3 tuyaux en PVC troués et placés au dessus du substrat (fixation sur une structure métallique posée sur les cuves).
Le substrat qui remplit la cuve est composé de :
- une couche de l5cm de grenailles (7-14mm) assurant le drainage du filtre,
- du sable roulé de rivière (sable grossier : 0-5mm) sur une hauteur de 87cm,
- juste en dessous de la structure destinée à la répartition des eaux, une couche de 5-10cm (maximum) de terre (1m ») pour ralentir la
percolation de l’eau , - une dernière couche de I5cm de grenailles (7-14mm) pour recouvrir les tuyaux pvc.
La lagune est plantée de roseaux (Phragmites communis), à raison de 6 plants par m2. Après épuration dans cette lagune, l’eau est évacuée vers une chambre de visite permettant la prise d’échantillons avant de rejoindre une mare aménagée (25 m2). Outre les eaux épurées en provenance de la lagune, la mare recueille également le trop-plein de la citerne d’eau de pluie, directement dirigé vers celle ci.
La mare est imperméabilisée par la pose de 10cm de stabilisé, d’un géotextile et d’une membrane EPDM.
D’un point de vue règlementaire, la mare ne fait pas partie de l’unité d’épuration. La surface de la mare a donc été laissée à l’appréciation du maître de l’ouvrage.
En l’absence de mare, suivant les cas, un système d’épandage classique est réalisé, voire, quand c’est possible, l’effluent est canalisé vers une voie d’évacuation artificielle (égout ou fossé) ou naturelle (ruisseau,…).
D’un point de vue du budget, une marre telle que celle réalisée (+/-2.500,00EUR) représente un surcoût d’environ 1.000,00EUR par rapport à un système d’épandage classique, mais l’ intérêt esthétique et l’agrément qu’elle apporte peuvent « justifier » à eux seul cette dépense…
POUR EN SAVOIR PLUS
visitez le site de Chritian Heyden de l’asbl « écologie au quotidien » : www.lagunage.be